Nous sommes nombreuses à s’y être essayées et probablement encore plus nombreuses à en avoir rêvé…
Comment rester insensible devant ces êtres presque mystiques, créatures parées de fards et de bijoux, semblant venir d’un autre temps, d’une autre planète.
Une planète où tous les corps, tous les genres ont leur place, sont mis en lumière, admirés.
Un divertissement, mélange de grâce et d’humour où les personnalités se révèlent mais ne sont jamais jugées.
Le burlesque, c’est un autre monde qui fait fi des conventions.

De nos jours, cet art est autant pour ses adeptes un moyen d’expression qu’une thérapie. C’est une fabuleuse façon de dompter ses complexes, de se révéler.
Il fut un temps où j’eus besoin de me reconstruire, d’apprendre à vivre avec un corps qui avait pas mal morflé et que je ne reconnaissais plus.
Et me voilà sur scène, à moitié dénudée, couverte de strass et maquillée comme une poupée.
Il était temps pour moi de montrer à une salle comble le résultat de nombreuses heures de travail.
J’en oublie ma nudité, vais-je me souvenir des pas ? C’est mon moment, je dois briller, rendre honneur au travail de ma fabuleuse prof et surtout, me prouver à moi-même que j’en suis capable !
Le coeur au bord des lèvres, je me lance, les minutes passent comme des secondes, les applaudissements retentissent : je l’ai fait !
J’ai affronté les regards, je me surprends moi-même, à cet instant, je n’ai pas de miroir face à moi, juste une centaine de regards et pourtant à cet instant, je me suis même sentie belle !
Je garde précieusement ces souvenirs, et même si le stress ne m’a jamais lâchée, j’ai profité de chaque instant et de cette petite gloire très éphémère avant la fermeture du rideau.
Bref, si vous hésitez à vous lancer, je ne peux que vous encourager à suivre votre instinct. Que ce soit pour une période ou bien plus longtemps, n’ayez pas peur de briller.
Certes, c’est du travail ! Je vous avoue que la souplesse n’est pas mon principal atout et qu’apprendre par coeur une chorégraphie fût un véritable défi, mais avec le recul… Quelle fierté d’être allée jusqu’au bout !
Cela n’aurait jamais été possible sans ma prof, Emma Cybèle (à La Rochelle) qui m’a coachée avec bienveillance, humour, mais aussi un peu de fermeté… Ce qui était nécessaire avec ma tendance défaitiste.
Je la remercie du fond du coeur de m’avoir permis de vivre ces instants.

Aujourd’hui, je poursuis le rêve derrière mon objectif, j’ai la chance d’avoir pu immortaliser quelques performeuses.
Je reste subjuguée par leur grâce naturelle, leurs costumes évidemment et surtout cette façon de mettre leur corps en valeur et ce peu importe leur morphologie.
J’espère à l’avenir travailler encore avec de nombreuses danseuses, leur univers me fascine et m’inspire tellement.

Alors forcément, quand on parle Burlesque, on pense direct Dita Von Teese ! Une référence. Mais sachez que même si elle en est la représentation la plus populaire aujourd’hui, elle n’a absolument rien inventé, loin de là. Cet art a traversé les âges, s’est modernisé, mais sans jamais perdre son ADN.
D’ailleurs, on parle de Dita, mais vous seriez surpris de découvrir l’immense palette d’artistes qui compose cette grande famille, tous plus talentueux les uns que les autres, je vous invite même à la curiosité et il est fort possible qu’après ça, vous en oubliez même un peu Madame Von Teese… Nous avions parlé notamment le mois dernier de Lydie Cherry et le Burlesque Freaky Follies.
Personnellement je fonds littéralement pour Mara De Nudée qui nous a d’ailleurs accordé une interview il y a quelques temps, je vous pose le lien ici.

Mais alors, comment tout à commencé ? Je vais vous raconter l’histoire d’un art vieux comme le monde…
L’art du burlesque a une histoire riche et a évolué et changé au fil du temps.
Même si notre perception contemporaine l’associe fortement au strip-tease, la comédie et la moquerie sont à la base de cette forme d’art.
Le dictionnaire définit le burlesque comme une imitation absurde et comiquement exagérée de quelquechose, en particulier dans une œuvre littéraire ou dramatique ou une parodie de spectacle de variétés comprenant généralement un strip-tease. Ce mot est apparu en 1660 (tout de même !)
La première forme de burlesque était sur la scène dans la Grèce antique. Aristophane est connu comme le plus grand comédien de son âge. Il a vécu autour de 450 avant J.-C. Il est l’origine de la pièce burlesque originale qui se moquait de la culture, des autorités et de la religion.
Notre sens moderne du burlesque en tant que « spectacle de variétés avec strip-tease » date de 1840. Le burlesque victorien a été conçu pour ridiculiser et taquiner.
Les œuvres célèbres de Shakespeare, Virgile et Homère étaient toutes des parodies burlesques populaires.
Les burlesques contenaient généralement un élément de « débauche » (femmes habillées en hommes et dansant de manière légèrement sensuelle).
L’humour burlesque victorien était plus proche de nos pantomimes modernes que du burlesque que vous voyez sur scène aujourd’hui.

Ce style, importé de New York a ensuite été popularisé en 1868 par la troupe de danse itinérante de Lydia Thompson , les British Blondes.
Leurs spectacles étaient axés sur des éléments parodiques interprétés par une distribution féminine. Les femmes portaient des collants osés pour l’époque victorienne, comparés à tous les volants utilisés pour cacher une jambe féminine. Scandaleux.
Leur premier succès à New York fut avec Ixion. La parodie mythologique où les femmes jouaient des rôles d’hommes.
Une production, dirigée par des femmes, qui montrait des femmes peu habillées et attirantes imitant les rôles de patriarches, y compris en tant qu’agresseurs sexuels, a repoussé les limites.
Pas étonnant que le spectacle ait été un succès ! La première saison de Lydia Thompson dans la ville a rapporté plus de 370 000 $.

Il y eut bientôt des accusations d’atteinte à la pudeur qui, bien sûr, alimentèrent la demande pour de tels spectacles. Rapidement, des imitations sont apparues, souvent dirigées par des femmes.
Les spectacles burlesques de New York ajoutaient des éléments de spectacle comme des chants ou des sketchs avant des actes masculins (acrobates, magiciens, chanteurs solistes).
Cela a conduit à l’arrivée de Mabel Saintley en tant que première star burlesque née aux États-Unis. Elle a été acclamée pour féminiser le genre avec sa prestation.
Le côté variété des spectacles a également cédé la place à une nouvelle génération d’artistes noirs.
En 1890, The Creole Show a lancé et remodelé la tradition du spectacle masculin avec des membres féminins.
Ces femmes sont montées sur scène dans leurs tenues décadentes et ont commencé à montrer une petite jambe. Ils se sont même travestis dans le cadre de leur parodie !

Les stars de la troupe comprenaient Ada Overton Walker, Stella Wiley, Dora Dean et Belle Davis. Ces femmes sont devenues les stars de l’Amérique orientale. Non seulement ils étaient fabuleux, mais ils ont alimenté la critique sociale de l’Amérique et de l’étranger.
À Londres, le spectacle burlesque était l’un des trois actes du divertissement d’une soirée jusque dans les années 1870. Ensuite, ils ont été étendus pour devenir l’événement principal. Cependant, en 1890, sa popularité s’estompe au profit de divertissements plus « sains ».
Pendant ce temps, Paris a sa propre version avec le célèbre French Cancan. Sans oublier les incroyables lieux des Folies Bergère et du Moulin Rouge.

Au début des années 1900, le burlesque devient un mélange de satires, de divertissement pour adultes, d’art, de music-hall et de variétés, proche de ce que nous connaissons aujourd’hui.
Dans mon prochain article:
Le burlesque, du 20e siècle au Néo-Burlesque.
Coming Soon…
Merci pour cet article génial !
Avez-vous lu le livre de Dita Von Teese ?
Je vais me renseigner sur les effeuilleuses que vous avez citées dans l’article.
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