Avec le mouvement pin-up et le New Burlesque, la pin-up est devenue un symbole du féminisme et du body-positivisme : elle se réapproprie son corps, elle a une féminité assumée, elle jette aux oubliettes les idées sexistes (et racistes) du passé…
C’est le fameux « vintage style not vintage values » : un style vintage mais pas des valeurs vintage.
Mais les clichés sont tenaces, surtout avec une image idéalisée et romancée du passé.
On voit alors sur les réseaux sociaux et autres blogs fleurir des montages où l’on montre à quel point la Femme était en tous points bien meilleure qu’actuellement. Ces publications sont souvent illustrées avec des photos qui sont plus récentes qu’elles ne le prétendent (le noir et blanc n’étant pas synonyme d’ancien) et avec des photographies de mannequins ou d’actrices souvent bien loin du quotidien de la ménagère des années 40-50 !



Dans ce passé digne d’une Madeleine de Proust, les femmes ne subissent pas le culte de la minceur. Bien au contraire, elles prenaient des compléments alimentaires pour grossir et faire la taille de Marilyn Monroe : un 46 !
La preuve ? Les dizaines de publicités qui vantent les poudres de perlimpinpin sensées vous rendre belles et désirables en étant plus grosses.



La réalité ressemble plus à une biscotte.
Vous remarquerez que dans ces publicités, madame ne finit pas avec des bourrelets sur la plage mais avec le gras qui miraculeusement se serait logé dans les fesses et la poitrine. Extraordinaire !
De même qu’il existe des produits pour « grossir », il en existe tout autant en face pour maigrir : de la boisson aux plantes jusqu’aux amphétamines, en passant par les régimes minceurs et les centres d’amaigrissement, les idées ne manquent pas pour faire perdre du poids aux dépens du bon sens et de la santé.
En même temps, on parle d’une époque où on recommandait aux femmes de se laver avec du Lysol (oui, du désinfectant !) pour être désirées par leurs maris… La France n’est pas épargnée (j’ai quelques magazines avec de magnifiques publicités du genre, parfois à côté des recettes de cuisine : Femmes Actuelles approuve !)


Et les actrices ?
Elles sont aux premières loges, elles en font même de la publicité, comme Hedy Lamarr, Zsa Zsa Gabor, Yvonne de Carlo… Imaginez-vous que Rita Hayworth était considérée trop grosse pour Hollywood dans sa jeunesse ?



Alors quand je vois ce genre de photos avec Marilyn Monroe, ça me fait un petit pincement…


Marilyn Monroe est concrètement la femme qui, même après sa mort, est ramenée constamment à son physique : que ce soit en tant que sex-symbol à la ligne parfaite qu’en tant que personne ayant un surpoids supposé assumé. Chacun de ses plis, de ses bourrelets, est scruté pour prouver à quel point elle était grosse (pour ensuite l’utiliser avec une pseudo phrase bodypositive…), c’est assez ironique !
Son physique est tellement une obsession que l’on trouve ses mensurations très facilement : une moyenne de 90-60-90, on est loin d’une taille 46.
Faisant du yoyo (n’oublions pas qu’elle a eu plusieurs fausses couches et qu’elle prenait beaucoup de médicaments), elle suivait souvent des régimes. On peut même en retrouver sur internet et comme vous pouvez le voir, c’est assez restrictif.


À la fin de sa vie, elle était d’ailleurs très mince, comme le montre cette photo prise lors du tournage de son dernier film « Something’s got to give » en 1962.

Alors, doit-on arrêter d’utiliser son image lorsqu’on parle de body-positivisme ?
Je dirai : oui et non.
Oui, dans le sens où il faut se rappeler que Marilyn Monroe a été et est toujours jugée sur son physique et qu’elle en souffrait. La presse n’était vraiment pas tendre avec elle (souvenez-vous de l’épisode du sac de patates), sans compter le fait qu’elle ait dû créer ce personnage de A à Z pour réussir à Hollywood (cours de diction, de maintien, décolorations, épilation du front… même son sourire était étudié !), et qu’elle aurait aimé être considérée plus que comme une blonde sexy et idiote. On est loin du meilleur exemple body positif.
Et en même temps, non. Pas pour en profiter pour dénigrer en disant que « truc est mieux que machin », je vous vois venir ! Mais plutôt pour montrer que c’est une problématique qui est loin d’être récente et que ce que subissaient Marilyn et ses consœurs ne devrait plus avoir lieu au XXIe siècle.
Quelques liens pour aller plus loin :
Une plongée bouleversante dans l’intimité de Marilyn Monroe
À bientôt !