Elsa Schiaparelli : irrévérencieuse et ‘’choquante’’ 

Nous sommes en Italie dans les années 20 ; les beaux jours de la haute couture. À ce moment, la sensibilité artistique, additionnée à un talent certain pour le marketing, n’étaient pas les seules choses qui permettaient d’accéder à la haute sphère de la mode. En effet, la ruse, l’opportunisme et le snobisme étaient également grandement requis. Ces ‘’qualités’’, Elsa Schiaparelli les possédait de façon toute naturelle. Sa plus grande rivale, Coco Chanel, plutôt que de la nommer, l’avait même décrite publiquement comme « cette artiste italienne qui fabrique des vêtements ». Elle était loin de se douter que de façon inconsciente, elle venait indéniablement de propulser Schiaparelli au sommet de la sphère des grands créateurs.

L’ascension d’une créatrice visionnaire

Même si elle ne sait pas coudre, Elsa Schiaparelli se découvre un goût pour la mode après un passage chez Paul Poiret et c’est en 1927 qu’elle décide de lancer sa propre marque. C’est ainsi qu’elle produit sa première petite collection qui apparait dans l’édition de février 1927 de Vogue et qui la qualifie même de chef d’œuvre. La collection nommée « Schiaparelli », comporte des pulls à motifs trompe-l’œil influencés par les lignes rigides du cubisme, même si la créatrice trouvait le mouvement surréaliste beaucoup plus à son goût. La collection a un si grand succès que les pulls sont adoptés par plusieurs actrices et des célébrités.

En 1929, elle est la première à utiliser des fermetures éclairs visibles en haute couture, autant pour le look que la fonctionnalité. Plus tard, elle dépose un brevet pour un maillot de bain une pièce à soutien-gorge intégré, un principe qui sera ensuite décliné pour des robes. Avant-gardiste, elle est la première à proposer une robe portefeuille en haute couture, ainsi qu’une veste du soir : une longue robe du soir noire est associée à une veste portefeuille blanche.

Au cours des années 30, Schiaparelli est considérée comme une figure irrévérencieusement divertissante de la scène de la mode. Elle se fait un devoir d’être vue en compagnie de Picasso, Cocteau, Picabia et de toutes les figures emblématiques du surréalisme, ainsi que de côtoyer les plus hauts échelons de l’aristocratie artistique et créative française comme le vicomte Charles de Noailles et son épouse.

C’est à ce moment que les portes se sont ouvertes pour elle !

Ce fût la première couturière à rendre la haute couture amusante et drôle. Ce qui lui permit ainsi d’intriguer plusieurs artistes et intellectuels et de les rendre fans de son travail. Toujours à la recherche d’innovation, elle collabore avec des artistes surréalistes, tels que Salvador Dalí avec qui elle crée des robes du soir dans un tissu orné d’un homard ou encore avec Jean Cocteau qui dessinait pour elle des décors, des motifs et des accessoires.

Shocking !!

En 1931, elle imagine la jupe-culotte, qui fait scandale en Angleterre et abuse des couleurs vives, dont son fameux rose, qu’elle baptisera le « rose shocking » ou ‘’rose choquant’’, qui deviendra sa signature telle qu’on la connait. On peut dire que Shocking est l’équivalent de Schiaparelli du New Look pour Dior. Mais c’est le parfum Shocking, inspiré de sa rencontre avec Mae West qui fait d’elle une femme vraiment riche et célèbre ! En effet, le parfum devient immédiatement un best-seller, tout comme une robe basée sur celui-ci, qui avait des poches d’air à l’intérieur du corsage qui pouvaient être gonflées pour créer le buste de West. C’est décidément la collection Shocking qui fera d’Elsa Schiaparelli la figure de proue de la mode de cet époque.

Bien entendu, Elsa n’avait pas que des admirateurs. En effet, comme toute personne au sommet de son art, Schiaparelli avait aussi des ennemis. La plus célèbre de ceux-ci est sans aucun doute madame Coco Chanel elle-même. Étant peu sûre d’elle et jalouse, Chanel a particulièrement détesté Schiaparelli et a tenté de lui nuire. Toutefois, Elsa n’était pas atteinte par les commentaires haineux de sa rivale et a continué de vivre sa vie de façon colorée et amusante, ce qui la caractérisait.

Peut-on dire qu’elle a éclipsé Chanel en tant que leader de la scène mode parisienne de l’époque ? Certainement ! Son nom était partout et d’autant plus visible que celui de sa rivale. Elle était l’incarnation du chic français et de l’originalité.

Le déclin

Malgré une ascension fulgurante et un succès indéniable, la créatrice connait après la guerre un déclin qui signera la fin des beaux jours de la marque Schiaparelli. En effet, en 1940, elle décide de quitter Paris pour New York et confie sa maison de couture à son bras droit. À son retour, les choses ont changé. Elle avait perdu du terrain. Ce n’était plus « Schiap » qui était sur toutes les lèvres… C’était dorénavant Dior ! Il avait pris sa place dans la presse internationale et dans l’esprit des consommateurs. Schiaparelli n’a alors pas réussi à retrouver les sommets dont elle avait joui dans les années 30.En 1954, Elsa Schiaparelli ferma définitivement sa maison de couture. Elle avait alors 60 ans. Elle décéda dans son sommeil à l’âge de 83 ans le 13 novembre 1973.

Malgré un déclin rapide et frappant, Elsa Schiaparelli reste à jamais au sommet du panthéon des grands couturiers. Plusieurs grands créateurs d’aujourd’hui reconnaissent son influence dans leurs créations, tel que Yves Saint-Laurent et Jean-Paul Gauthier.

Nota bene : La Maison fut rachetée en 2006 par Diego Della Valle et connait aujourd’hui autant de succès qu’à l’époque de sa création en habillant des stars telles que Beyonce, Lady Gaga, Céline Dion, etc.

Miss Coco Champagne

https://www.marieclaire.fr/histoire-schiaparelli,1356849.asp

https://www.businessoffashion.com/articles/news-analysis/elsa-schiaparelli-1890-1973/

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