Le tatouage OLD SCHOOL par thINK tattoo

Le old-school… le rockabilly… le tatouage… les pin-ups… le rétro… les barbus… Des mots, des mondes, des modes avec lesquels aujourd’hui on s’emmêle les aiguilles et les jupons. 

Moi-même, j’ai mélangé tout ça, mais mon instinct d’historienne de l’art m’a poussée à aller faire des recherches car je suis toujours assoiffée de justesse en ce qui concerne l’histoire et les termes. 

Du coup, j’ai fait appel à plusieurs personnes qui sont spécialisées dans différents domaines pour m’aider à éclaircir tout ça. 

Je commence ma série avec thINK tattoo, un jeune homme passionné du tatouage et que j’ai découvert sur Youtube.

https://www.facebook.com/labaronneathena

Le tatouage OLD-SCHOOL par thINK tattoo

Introduction :

Il existe de nombreux styles de tatouages dans le monde, avec une imagerie, une histoire et des influences diverses. Dans cet article je compte vous parler d’un style de tatouage qui, en plusieurs décennies, a connu bon nombre de changements. Il a souvent été le symbole de la rébellion et de la marginalisation bien qu’aujourd’hui il soit malgré tout bien ancré dans notre société moderne. Bref, penchons-nous ensemble sur le style de tatouage «old school» en découvrant ses origines, ses particularités et comment celui-ci est lié au monde du Rockabilly.

Comment est-il né ?

Il peut être vraiment difficile de dater exactement l’apparition du tatouage dit «old school», mais généralement quand on évoque celui-ci, on parle des tatouages américains qui se faisaient dans les années 1900 jusqu’aux années 1960 en Amérique, lieu où ce style s’est développé, amélioré et propagé.

Pourquoi ?

Ce style, bien qu’il n’a pas pris l’essentiel de ses caractéristiques artistiques parmi la population dont je vais vous parler, reste tout de même intimement lié aux marins ainsi qu’aux soldats : les États-Unis ayant participé à de nombreuses guerres, bon nombre de ces soldats et marins se faisaient tatouer.

Cela pouvait prendre des proportions énormes comme par exemple lors de la période d’après Seconde Guerre Mondiale : on estime que 90 % des marins étaient tatoués et lorsque ces soldats se sont retrouvés sans emploi lors de l’arrêt des conflits, tous ces individus se sont retrouvés dans la société civile et leurs œuvres encrés ont gentiment, doucement mais sûrement commencé à influencer leur entourage (d’abord les travailleurs de la classe ouvrière, puis les artistes de cirques, les marginaux puis enfin les artistes tatoueurs).

Photo: Thomas D. McAvoy, 1940

?

On peut situer les principaux lieux d’apparition et d’influence du tatouage traditionnel aux États-Unis (ça alors quel surprise !) dans des villes telles que San Francisco, Honolulu, New York mais également en Grande-Bretagne dans la ville de Bristol où se situait le «Bristol tattooing club».

Style :

Le style old school est reconnaissable entre mille ! Avec ses traits noirs épais, ses ombres marquées mais peu présentes, ses couleurs vives et audacieuses ainsi que ses motifs simples mais très stylisés que l’on appelle des «flashs».

Parmi la quantité très élevée de flashs qui existe j’aimerais vous parler de deux motifs bien particuliers : en premier les cerises qui sont toujours considérées comme un motif qui évoque la sexualité, la fertilité et le désir, elles peuvent évoquer l’innocence joyeuse mais aussi ses désirs charnels plus poussés, elles renferment donc une double signification qui cultive une certaine ambiguïté.

Et en deuxième les hirondelles, symbole nautique le plus emblématique ! Traditionnellement, une hirondelle pour le marin signifiait que celui-ci avait parcouru 5000 miles marins et deux hirondelles, 10000 miles marins. Il était de bon ton de se faire tatouer la première à l’aller et la seconde au retour, l’hirondelle symbolisait donc l’expérience du marin et ses voyages. Mais pas seulement puisque l’hirondelle étant un oiseau retrouvant toujours le chemin vers son nid, elle était utilisée comme talisman porte-bonheur par les marins pour que ceux-ci trouvent toujours le chemin de retour.

Planche d’illustrations Sailor Jerry

On remarquera dans ce style qu’il existe également des standards dans les motifs old school comme par exemple une imagerie issue du monde maritime, du patriotisme américain, des animaux, du monde des bikers, des rockeurs ou encore des taulards.

À l’époque, les motifs étaient simples et cette simplicité est en fait dû aux contraintes technologiques de l’époque car les pochoirs était longs à préparer, ce qui explique que le même motif servait maintes et maintes fois et il n’y avait que les couleurs primaires pour colorier le tatouage (le rouge, le bleu et le jaune).

Là où beaucoup de personnes vont apprécier les styles de tatouage moderne, il existe encore une part non négligeable de personnes qui optent pour la beauté simple et limpide des motifs old school.

Charles Cash Cooper, Londres, 1951

Qui ?

Parmi les noms les plus connus dans le milieu du tatouage old school, comment ne pas évoquer celui de Sailor Jerry, un artiste qui a passé sa vie à voyager. Passionné par le tatouage, la navigation et la musique, il a fait évoluer le style old school en y incorporant beaucoup d’éléments de l’imagerie asiatique mais aussi en empruntant des techniques de tatouage japonais pour réaliser les siens, c’est notamment grâce à lui que l’art du tatouage entamera sa marche vers une acceptation du grand public. Il était aussi le tatoueur le plus copié dans les années 50.

Lyle Tuttle, connu pour avoir amené l’art du tatouage sur la voie de la professionnalisation d’une part et sa grande implication dans l’évolution des règles sanitaires, a amené à l’encrage de bon nombre de célébrités et de fait, l’encrage de tout un chacun.

Et pour terminer, je vais donner un troisième nom celui de Don Ed Hardy, apprenti de Sailor Jerry, qui apportera une nouvelle génération de tatouage old school en y intégrant le tatouage traditionnel japonais dans les années 70-80.

Lyle Tuttle par Ken McLaughlin pour le San Fransisco Chronicle, 1960

Association univers Rockabilly, Pin up et Biker :

Le style Rockabilly nous venant tout droit des années 50, il est normal que le tatouage old school se prête bien à ce style rétro.

De plus ce style de tatouage étant encore dans l’inconscient collectif l’apanage des voyous, des bikers et des marginaux, il conserve encore une certaine connotation rebelle, et le style de vie rockabilly s’inspirant ouvertement des rockeurs rebelles des années 50 il est peu étonnant que les personnes ayant adopté ce style de vie, adoptent également ce style de tatouage qui correspond en tous points à leurs idéaux, leur imaginaire et leurs influences.

D’ailleurs en parlant des bikers, ceux-ci ont fortement contribué à apporter cet aspect conflictuel au tatouage, à l’époque c’était pour défier la société traditionnelle. Étant donné que beaucoup de bikers se faisaient leur premier tatouage en prison avec des outils précaires, leur style de tatouage était assimilé dans l’opinion publique à des tatouages de gangs, bien que ceux-ci célébraient surtout la vie sur la route et la liberté, plus que l’appartenance à un gang. Parmi les motifs courants dans leur style ont peut noter une grande portion de motifs antisociaux comme les crânes, les poignards ou encore les initiales FTW (pour fuck the world) mais également une quantité non négligeable de motifs empruntés au style old school comme les roses, les serpents, les aigles ou encore les cœurs.

Biker belgo-grec se prêtant gentiment au jeux pour La Baronne. Road King.

Mais qu’en est-il de ces dames et demoiselles appelées « Pin-up » ? À partir de quel moment le tatouage old school (voir même le tatouage tout court) est devenu quasiment indissociable des Pin-up ?

Cela nous renvoie en premier lieu au motif de pin-up réelles ou fictives que beaucoup de marins et de militaires se faisaient tatouer, pour leur porter chance. Mais aussi comme un rappel de ce pourquoi ils combattaient, il est important de débuter par cela car durant les années 50 il y’a eu ce qu’on appelle un « âge d’or » pour les pin-up qui a contribué à les faire connaître dans le monde entier, notamment par le biais du tatouage, ce qui a été je pense, le déclencheur de l’association « pin-up » avec l’univers du tatouage.

Durant la première moitié du 20ème siècle, il existait des femmes tatouées qui s’exposaient dans des cirques, on ne peut parler de pin-up ici mais davantage d’artistes de cirque ou encore de “modèle photo” puisque celles-ci assuraient un spectacle et à la fin de celui-ci vendaient bon nombre de photographies ou de dessins de leurs corps tatoués.

Je pense également que beaucoup de pin-up ont commencé à être plus proches du monde du tatouage dès les années 80, de par l’imagerie, la force et l’indépendance que ces tatouages symbolisaient pour elles, mais cela a réellement pris une toute autre ampleur à l’arrivée des Suicide Girls lors dès les années 2000, qui ont largement démocratisé le tatouage dans ce milieu. En effet, l’idée majeure de ce mouvement étant le non-conformisme avec un certain goût pour la provocation et l’indépendance, on a pu voir émerger des modèles suivant des styles vestimentaires underground ainsi que des modifications corporelles comme des piercing et surtout des tatouages qui restent malgré tout la forme de non-conformisme la plus forte.

 

Stella Grassman, tatouée par son mari : Deafy. Juillet 1938

Conclusion :

Aujourd’hui, le style de tatouage old school connaît un véritable succès, par sa vision idéalisée et rebelle des États-Unis d’Amérique, il est sans nul doute le style de tatouage occidental le plus connu ayant traversé le temps, les modes et les inspirations les plus inattendues.


Eddie Czaicki, 35 ans. Tatoueur depuis fin 2012, spécialisé dans le tatouage couleurs et les motifs à tendance traditionnelle. Après plusieurs années chez 23Keller Tattoo à Bastille et une longue liste de conventions à l’étranger, il est désormais installé chez Hand in Glove où il revisite les designs old-school avec une palette pop et un design plus actuel.

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Je remercie infiniment thINK tattoo pour son implication et pour avoir gentiment accepté d’écrire cet article.

Je remercie chaleureusement Eve Pain et Eddie Czaicki pour avoir répondu à mes demandes et pour avoir contribué à la construction de cet article.

Je remercie Scarlet Ruby Storm pour la traduction.

Photo de couverture de l’article : Eve Pain

La Baronne Athena

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