Maryse Bastié : l’engagement, pour écrire l’Histoire

Bonjour à tous !

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour la seconde partie de l’article consacré à l’aviatrice Maryse Bastié.

Interviewée en mai 1939, elle envisage la création, en cas de conflit, d’une escadrille féminine au sein de l’Armée de l’Air et dit regretter que le Ministère n’en ait pas eu l’idée. Son article « Voler c’est merveilleux mais que ne suis-je un homme ? » reçoit dès le lendemain la réponse d’un journaliste. Dans l’article « Les Amazones de l’Air », il dit préférer que les femmes n’ajoutent pas aux horreurs de la guerre et suggère que Maryse Bastié et ses coéquipières se cantonnent au pilotage d’ avions sanitaires, en support aux victimes civiles et militaires.

Dotée d’un caractère bien trempé, notre héroïne lui répond quelques jours plus tard en lui faisant savoir qu’elle ne l’a pas attendu pour se mettre au service de son pays et que les femmes, tout autant que les hommes, auront le courage de se mobiliser, « dans cette époque troublée », cette vertu n’étant pas une exclusivité masculine ! Nous sommes à la veille de la seconde Guerre Mondiale.

Vous remarquerez au passage la qualité de cet échange par presse interposée, preuve qu’il n’est pas nécessaire de tomber dans l’outrance lors d’un débat d’idées. Vintage Style !

En septembre de la même année, elle est réquisitionnée avec trois autres pilotes pour convoyer bénévolement des appareils vers le front. De toutes les femmes engagées-volontaires, seules Maryse Bastié, Maryse Hilsz, Claire Roman et Paulette Bray-Bouquet le furent comme pilotes.

Maryse Bastié, accompagnée de quelques pionnières de l’aviation, dont Maryse Hilsz et Elisabeth Boselli, première française pilote de chasse.

Le 27 mai 1940, un décret officialise la création d’un corps féminin de pilotes auxiliaires : Maryse poursuit sa mission en tant que sous-lieutenant.

crédit photo : Service historique de la Défense

Malheureusement, l’engagement des Armées à intégrer des femmes dans leurs rangs sombre en même temps que le pays, avec la débâcle…

Maryse Bastié est blessée en juin 1940 lors d’un convoyage, puis démobilisée le mois suivant. Elle officie alors pour la Croix-Rouge, dans le camp de Drancy où sont regroupés des prisonniers français. Blessée au coude lors de cette période, elle garde une invalidité et ne pilotera plus.

Cette activité d’ambulancière lui permet cependant de mener des actions en recueillant des renseignements sur l’occupant allemand, en tant qu’agent de liaison. Maryse Bastié s’est reconvertie en espionne.

En septembre 1944, elle intègre le premier corps de pilotes militaires féminins, créé à l’initiative de Charles Tillon, récemment nommé Ministre de l’Air par le Général de Gaulle. À la Libération, Maryse Bastié est promue lieutenant dans les Forces Françaises Libres ainsi que Commandeur de la Légion d’Honneur à titre militaire. Elle est la première femme à recevoir cette distinction à ce titre. Le corps des pilotes féminins sera dissout en 1946 et Maryse Bastié renonce à ses ambitions de pilote militaire : elle quitte cependant le corps des pilotes avec le grade de Capitaine.

Après guerre, Maryse Bastié, contrairement à ses coéquipières, continue d’exercer pour l’Armée de l’Air, mais plus en tant que pilote : la blessure subie au cours de la guerre le lui interdit désormais. 

En 1951, elle entre au service des relations publiques du Centre d’essais en vol, administration chargée de garantir le bon fonctionnement des aéronefs avant leur utilisation à des fins militaires ou civiles.

Maryse Bastié meurt le 6 juillet 1952 lors d’un meeting aérien sur l’aéroport de Lyon-Bron, dans l’accident d’un prototype Noratlas-Nord 2501 destiné au transport de parachutistes, à bord duquel elle avait pris place en tant que passagère, au dernier instant… Elle est inhumée à Paris, au cimetière du Montparnasse. Le monument funéraire abritant sa sépulture, inauguré en 1955, recense ses états de service, son palmarès et représente une femme allongée sous une aile.

L’Armée de l’Air l’honore chaque année lors d’une cérémonie militaire le jour-anniversaire de sa disparition.

Palmarès :

– En 1928, premier record féminin de distance de vol (1 058 km).

– En 1929, record international de durée de vol féminin (26 h 44 min)

– En 1930, elle bat le record de durée féminin international en 37 heures 55 minutes.

– En 1931, elle s’empare du record féminin international de distance, avec 2 976 kilomètres.

– En 1936, elle réalise la traversée féminine de l’Atlantique Sud en 12 heures 5 minutes.

Honneurs et distinctions civiles et militaires :

– Officier de la Légion d’Honneur à titre militaire

– Chevalier de la Légion d’Honneur

– Citation à l’Ordre de la Nation

– Ordre de l’Étoile Rouge (URSS, 1931)

– Chevalier de l’Ordre National de la Croix du Sud (Brésil, 1937)

– Grande Médaille d’Or de la Société d’encouragement au progrès (ou Médaille des pionniers, 1937)

– Plaque de vermeil de l’Aéro-Club de France (1937)

– Ordre de l’Étoile de Roumanie (1937)

– Médaille d’Or de l’Éducation Physique et des Sports (1937)

– Commandeur de l’Ordre de l’éducation nationale (Ordre des Palmes Académiques, 1937)

– Ordre du Mérite du Chili (1938)

– Croix de l’Aviation (Pérou, 1938)

– Ordre de Simon Bolivar (Venezuela, 1938)

– Croix de Saint Olaf (Norvège, 1940)

– Commandeur de la Légion d’Honneur (1947)

– Croix de Guerre 1939-1945 avec palme

– Médaille de la Résistance française

– Médaille de l’Aéronautique

– Commandeur de l’Ordre Royal du Cambodge

L’engagement ne caractérise pas celles et ceux qui hurlent le plus fort, au risque de se caricaturer eux-mêmes.

Il est la marque de fabrique, l’apanage, de celles et ceux qui font l’Histoire, en silence souvent mais toujours avec force et conviction.

Fred

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