Lors du salon des créateurs de Puteaux nous avons eu l’occasion de rencontrer Kasia couturière/modéliste pour la marque : « Her name is Rita » et Sandrine : créatrice de bibis pour : « Sandie’s Hats ». Deux créatrices qui s’inspirent résolument des années 30 aux années 50 en ouvrant leurs influences aux mondes du cinéma, de la musique, de la danse et de la nature.
Comment a débuté votre parcours de créatrice ?
HNR : Je suis tombée dans la couture quand j’étais petite avec ma mère qui faisait des habits pour nous quatre. J’ai donc naturellement appris la couture. À vingt ans je suis arrivée à Paris, je faisais déjà de la création sur mesure mais je n’avais pas encore complètement mon style, je le cherchais. J’ai fait ma première petite robe bustier à fleurs dans un tissu un peu ancien et c’est cette robe là qui m’a amenée dans le milieu rock-and-roll. J’ai montré une photo de cette robe qui a intéressée. En 2010, par l’intermédiaire d’un ami qui organisait un vide grenier vintage je suis alors entrée dans le monde rock-and-roll et ça a un peu défini mon style.
J’aime danser. J’aime cette joie de vivre qui caractérise les années 50. Au début, je faisais vraiment des robes qui dansent comme on peut le voir sur mon logo et plus tard j’ai fait des robes crayons. Tout doucement tu plonges, tu veux connaître cette époque parce que c’était très féminin. Maintenant, je sais que je veux mettre la femme en valeur.
SH : Les chapeaux, ça a toujours été mon truc, j’ai commencé une collection, mon premier chapeau c’est mon père qui me l’a offert pour mes quinze ans, je voulais un borsalino et depuis je collectionne et j’achète des bibis, des petits chapeaux des années 30, 40, 50 parce que ça a toujours été pour moi évident, élégant, plus facile à porter. J’adore les voitures de cette époque, le cinéma en noir et blanc, la musique. C’est tout un univers que j’aime : l’avant guerre, l’après guerre, la mode sous l’occupation. Les femmes étaient très imaginatives. Ça a toujours été une passion. J’étais dans l’imprimerie, j’ai perdu mon boulot il y a une dizaine d’années de ça et je me suis alors posé la question de ce que j’avais envie de faire. Je me suis dis que je voulais savoir faire des chapeaux. J’ai donc appris à les faire. Pour l’instant je n’en vis pas mais j’aimerais. Il faut beaucoup de matériel et de place pour faire des chapeaux. Pour l’instant je ne peux pas faire tout ce que j’ai envie de faire parce que je n’ai pas l’espace, la technique et les outils pour les faire (formes en bois …).
Chaque chapeau est fait sur une forme différente en bois : du poirier, du tilleul … un bois dur qui résiste à la chaleur, à la vapeur mais suffisamment tendre pour planter des clous mais surtout pas un résineux qui est tendre mais qui transpire de la résine. La forme doit être taillée au cœur de l’arbre en un seul bloc. La colle ne résisterait pas au fer à repasser…Les formiers font les formes il n’y en avait plus que deux en France qui travaillaient pour les maisons de haute couture et pour la chapellerie. L’un d’eux a fermé, n’a pas trouvé d’apprenti et a vendu sa collection.
Quel est le processus de création d’un chapeau ?
SH : D’abord tu fais un patron de la forme que tu veux réaliser. Tu achètes de la toile double, tu la mouilles, tu places ton patron sur une marotte. Il s’agit d’une tête pour les modistes en bois et toile qui permet de planter des aiguilles, de coudre des choses et de repasser. Tu pauses ta toile double humidifiée sur une marotte, tu épingles et tu attends qu’elle sèche 24h. Une fois qu’elle est sèche, tu repasses, tu ôtes les épingles et tu obtiens un moulage. Pour consolider tu fais un contour à l’intérieur, tu couds un fil de laiton, cela fait une armature pour ne pas qu’il se déforme. Après tu choisis le tissu, soit tu mets plusieurs épaisseurs pour que ça fasse un effet épais et gonflé avec de la ouate. C’est là que le travail de modiste à commence.
Le modiste peut avoir deux rôles soit c’est celui qui dessine et fait le patronage, la base et la décoration soit il collabore avec un chapelier. Les chapeliers travaillent plutôt en usine. Ils distribuent les chapeaux chez les modistes qui sont des artisans indépendants, qui réalisent la décoration finale sur un modèle qu’ils n’ont pas dessiné.
Comment crée-t-on un nouveau modèle de vêtement ?
HNIR : Je fais un patron sur le mannequin, je travaille la toile, je crée mes patrons. Parfois j’utilise un patron déjà existant que je modifie un peu mais c’est rare. J’ai une assez grande collection de patrons anciens que je n’ai pas encore commencé à exploiter parce que je préfère faire mes propres modèles.
Je fais un patron, un prototype, je coupe le tissu et je monte.
Vous travaillez toutes les deux dans des métiers d’artisanat d’art d’où vous vient votre inspiration ?
SH : Je craque souvent sur un bijoux ancien, une pierre ancienne, un plume quelque chose qui me fait dire « ah ça j’adore ! Je m’en servirai. » Parfois c’est le déclic, je vois le tissu, je sais ce que je vais faire. Souvent le déclic est lié à un film (légende d’automne…) une actrice. Je m’inspire aussi beaucoup de la nature, j’adore les bois, j’adore la forêt. Je sais qu’il y a une photo que j’ai prise il n’y a pas longtemps en Angleterre dans les jardins botaniques d’un château dont je vais me servir. Au détour d’un chemin, dans la lande, il y avait un arbre en fleurs roses, de la mousse, de l’herbe et une superbe lumière…
HNIR : Parfois tu vois le tissu et c’est une évidence. Parfois c’est le hasard. Tu poses un tulle sur un tissu sans faire exprès et c’est ça. Parfois tu as un flash. L’inspiration tu ne dois surtout pas la chercher, c’est quelque chose que tu sens au fond de toi. Si tu as des doutes, ça n’est pas la peine.
SH : À chaque fois que j’ai fait quelque chose sans être convaincue, il ne trouve pas son public. Parfois il reste de côté et le jour où tu rajoutes quelque chose, une fleur, un détail, il est fini. Il ne faut pas se forcer, si tu as un blocage. Parfois les choses ont besoin de temps comme le vin, il faut attendre la maturité.
Vous avez déjà collaboré sur des séances photos en coordonnant vos créations, comment travaillez-vous ensemble ?
SH : Kasia choisit de beaux tissus qui me parlent.
HNIR : Et moi je n’ai pas envie de jeter des chutes ou des tissus trop petits pour que j’en fasse quelque chose. Elle fait de belles choses avec. J’aime son travail, il me correspond. C’est naturel, ça va bien ensemble.
SH : Du coup cela crée de beaux ensembles. On a les mêmes goûts, on a la même vision de l’élégance, de la qualité. Il faut savoir travailler dans la sobriété.
Retrouvez l’univers de Her Name is Rita et Sandie s Hats sur Instagram.
Chic Parisien ❤
Photographe : Sławomir Janicki
Modèle : Sandra Kalinowska
Make-Up : Laura Wojazer
Hair : Magda Osipowicz
Stylisme : Kasia Grzelak pour Her name is Rita
Bibi: Sandie’s Hats
Merci pour cette interview! C’est formidable de voir des gens passionnés par ce qu’ils font!
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👗❤️💕
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